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Petite histoire de famille franco-belge pour vous dire au revoir Monsieur Raymond Poulidor !


Même si dans le ventre de Janine, ma mère, et dans mes premiers lieux de Vie à la frontière franco-belge, j'avais du être sensibilisé aux subtilités du cyclisme grâce à "Fernand le belge", dit "Fernand la débrouille", mon père, ce n'est vraiment qu'à partir des années 1967 et 1968 que les souvenirs prennent encore aujourd'hui une véritable consistance.

Pour tout ce qui précède, c'était la tradition orale du vieux, les lectures régulières des premiers numéros du Miroir du cyclisme, qu'il achetait chaque mois depuis le n°1 de janvier 1961 et, bien plus tard, tous les ouvrages journalistiques ou universitaires de référence en la matière.


Si, en 1967, à l'âge de 10 ans, le néerlandais Jan Jansen avait réglé un léger différent familial en s'adjugeant au sprint "notre Paris-Roubaix" devant l'idole de mon père, Rick Van Loy (2°), et "ma" vedette naissante, Eddy Merckx (8°), l'année 1968 récréa, bien évidemment, l'Unité nationale belge.

D'une part, parce que le "Roi Eddy", maillot de champion du Monde sur le dos, surclassa le nouveau parcours dantesque de Paris-Roubaix (44 rescapés sur 160 au départ) mais domina aussi le Giro, son premier grand Tour, grâce à un exploit, retenu comme le plus beau de l’Histoire du Giro, aux "Tre Cime di Lavaredo".


En ce printemps français particulièrement agité par des événements, dont la compréhension m'échappait totalement et, de plus, qui se déroulaient dans des "zones parisiennes" totalement inconnues pour le petit adolescent "frontalier" que j'étais, Raymond Poulidor était déjà un coureur professionnel au palmarès affirmé.

Né en 1936, il avait déjà gagné Milan-San Remo (1961), la Flèche Wallonne (1963), le Tour d' Espagne (1964), le Championnat de France (1961) et il avait fait des podiums sur le Tour de France (2° en 1964 et 1965 - 3° en 1962 et 1966) pour ne prendre, bien sûr, que des références majeures dans une carrière professionnelle.

Bien plus, 68 aurait du être la consécration sur le Tour de France ; il est en état de grâce et il occupe la 5° place du général, juste devancé par quatre sprinteurs, alors qu'il ne reste que deux étapes stratégiques (une arrivée en altitude et le contre la montre final) mais il est fauché lors de la quinzième étape (Font-Romeu-Albi, 250,5 kms) par une moto de presse à 50 kms de l'arrivée.

Il parvient à rejoindre Albi, continue encore une journée, mais ne prend pas le départ de la dix-huitième étape à Saint-Étienne. Pour la première fois, il doit abandonner le Tour de France.


Malheureusement pour lui, cet authentique champion n'a pas vraiment de place dans le quotidien franco-belge de "mon daron"...Belgique et courses "classiques" avant tout !

Le Vieux n'a jamais été "Anquetiliste" ou "Poulidoriste" car c'est successivement auprès des deux Riks (Van Steenbergen et Van Looy) qu'il avait clamé sa passion pour ce sport....mais "va t'en gagner" le Tour de France avec ces deux lascars là ! Le Tour est regardé avec intérêt mais en l'absence de belge vainqueur potentiel depuis tant d'années (dernier vainqueur Sylvère Maes en 1939 - et une deuxième place de Joseph Planckaert en 1962), la passion n'est pas la même...Dans le canapé, "nous sommes des coureurs de classiques", m'a insufflé mon Père, même si Nord-Eclair et L'Équipe sont avalés goulûment durant les premières semaines de juillet.

Avec son avènement sur le Tour de France 1969 et aussi dans toutes les autres courses du calendrier, Eddy Merckx fera la deuxième partie de la synthèse familiale : jeunes et vieux, Tours et Classiques...nous serons "Merckxistes" jusqu'au bout des orteils.

Durant toutes ces années de domination d'Eddy (fin de carrière en 1978), "Poupou" (fin de carrière en 1977) se forgera une aura, une "poupoularité" selon le bon mot d'Antoine Blondin, et poursuivit une carrière professionnelle particulièrement brillante, sans jamais obtenir ce Graal que représentait le Tour de France.


Mais mon cher Raymond, si tu permets, c'est finalement en 1974, au championnat du Monde sur le circuit de Montréal, que tu réussiras à conquérir nos coeurs de passionnés. À l'âge de 38 ans et à l'issue d'une course remarquable de toute l'équipe de France, tu t'es retrouvé seul face au Roi Eddy (29 ans) dans un sprint à deux dont l'issue ne faisait aucun doute.

Merckx, au palmarès déjà extravagant (entre autres, deux fois champion du Monde sur route) n'avait plus rien à nous prouver et c'est la première fois que Fernand et son fils ont souhaité que tu réalises cet exploit hors du temps que ta remarquable carrière aurait mérité...Malheureusement Merckx est un cannibale et tu finiras deuxième au classement de ce championnat mais premier dans nos coeurs franco-belges ce jour-là !... Juste au revoir et merci Monsieur Raymond Poulidor...















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