Messieurs N. Le Graët et D. Deschamps : au revoir et merci pour ces moments !
Voilà c’est acté ; Monsieur Didier Deschamps a annoncé que « son Président », Monsieur Noël Le Graët, dont on ne peut pas vraiment dire que la sortie médiatique dans l’émission -Bartoli Time- sur RMC, dimanche 8 janvier 2023, a ennobli le personnage, avait reconduit son contrat en tant que sélectionneur de l’équipe de France pour quatre ans.
C’était le souhait du sélectionneur en place et le Président de la République française en personne avait clamé haut et fort qu’il espérait cette prolongation : Fermez le ban !
Pour les « spectateurs-supporters » qui se parent d’un drapeau bleu-blanc-rouge à l’approche des compétitions entre les Nations et les nombreux partisans, légitimes au demeurant, de l’adage « seul le résultat compte », c’est l’euphorie : le bilan comptable de Didier Deschamps, depuis juillet 2012, est assurément de bonne qualité, même si le pilotage des deux dernières compétitions d’envergure, Euro 2020 (décalé en juin-juillet 2021) et Coupe du Monde 2022 (décalée en novembre-décembre 2022) n’a pas permis d’atteindre le Graal : défaites lors de l’Euro contre la Suisse aux tirs aux buts en 1/8° et lors de la Coupe du Monde contre l’Argentine en finale, toujours aux tirs aux buts.
Nous considérons, à tort peut-être, que la victoire en Ligue des Nations contre l’Espagne en octobre 2021 est anecdotique au regard du peu de considérations portées par les Nations dans le cheminement vers la phase finale de cette nouvelle compétition, censée « moderniser » les rencontres amicales.
Pour les « spectateurs-passionnés » qui ne ressentent pas la moindre ferveur nationaliste à l'égard d'une équipe de « football-business » ou, plus exactement, qui ne considèrent pas les résultats d’une équipe de football-business comme un marqueur emblématique et crucial de la légitime défense de l’intérêt national et vivent le plaisir de ce spectacle original comme un véritable apatride, exclusivement « secoué » par de pures émotions forgées au gré des confrontations entre les « entreprises-clubs » et/ou les « équipes nationales », indépendamment des lieux, des victoires ou des défaites, c’est juste un peu plus compliqué et pénible tant l’ennui est très souvent associé aux spectacles proposés par les équipes de ce sélectionneur.
Loin de moi, derrière un écran et avec quelques phrases agencées, l’idée de dénigrer à distance la personne et le travail fourni depuis 10 ans par Didier Deschamps pour entretenir une quelconque chasse aux sorcières. Qui suis-je pour oser ?
Bien plus, mêmes si les accointances entre Didier Deschamps et cet affligeant Monsieur Le Graët, voire les protocoles institutionnelles de la nomination d’un sélectionneur me dérangent au plus haut point, force est de reconnaître, qu’à la suite de Laurent Blanc, l’actuel sélectionneur a réussi à redonner de la crédibilité et de l’honneur à une sélection nationale profondément minée par les désastreuses et ridicules péripéties lors de la Coupe du Monde de 2010 en Afrique du Sud.
Par ailleurs, nous sommes également tous bien conscients que l’essence même des compétitions entre les Nations ne permet pas la même virtuosité que les rencontres entre les « entreprises-clubs » qui parcourent de manière spectaculaire nos semaines de passionnés.
En vérité, c’est juste la conception même du Jeu prônée par Didier Deschamps pour essayer d’obtenir la victoire, qui ne correspond en rien à ma sensibilité personnelle, voire, je pense, contribuerait à vider les stades des « entreprises-clubs », si elle devenait la ligne éditoriale hebdomadaire un peu partout sur le village planétaire.
Pour ne prendre que le tout dernier tournoi inter-Nations au Qatar, c’est la dramaturgie et le scénario palpitant de la finale qui masquent et occultent un parcours global pour le moins nonchalant, le mot est faible.
Oublions même les rencontres d’une poule excessivement indigente (Australie, Danemark, Tunisie) où, comme de coutumes dans ce genre de tournoi, les Nations dites majeures d’une époque historique, gèrent avec parcimonie leurs efforts, pour ne s’attarder qu’à la véritable compétition par élimination directe.
Après des victoires très laborieuses contre la Pologne en 1/8°, voire « injustes » contre l’Angleterre en 1/4° et, dans une certaine mesure, le Maroc en 1/2°, cette sélection française a été, pendant quasiment 80’, laminée par la virtuosité « technico-tactique » collective argentine, trempée d’une motivation guerrière quasiment mystique qui a ébranlé les certitudes françaises.
Sans l’abnégation, la force de caractère et le talent d’un joueur hors-norme, Monsieur Kylian MBappé, pour maintenir encore à flots un navire éperonné de toutes parts et sans aucun gouvernail, l’illusion n’aurait plus cours aujourd’hui et le masque de l’insolence des victoires sans envergure serait tombé plus tôt.
Ce n’est pas la conception du Jeu, les choix tactiques initiaux et/ou le coaching de Didier Deschamps qui ont ébranlé l’Argentine ; c’est de manière quasi simultanée le remplacement de A. Di Maria du côté argentin et le génie de K. MBappé du côté français qui ont retourné l’inéluctable.
Pire, n’en déplaise aux « spectateurs-supporters » c’eût été, une fois de plus, un désenchantement personnel que le résultat final, à l’issue des tirs aux buts, tout sauf une loterie, n’eût pas été en harmonie avec la production collective offensive de Jeu dans un spectacle qui est, d’abord et avant tout, un plaisir des yeux.
Certes, ce jeu planétaire n’appartient à personne et le spectacle produit, quelles que soient la Nation et/ou l’« entreprise-club » peut être considéré comme agréable ou pas, en fonction des sensibilités émotionnelles personnelles et des Histoires de Vie de chacun.
Mais, concevoir exclusivement le jeu de football comme l’envie de détruire l’Autre pour le contrer et, par le résultat positif très souvent obtenu, essentiellement dans les rencontres entre les Nations, dédaigner, voire mépriser ceux qui souhaitent voir et apprécier une virtuosité offensive collective, sans être un adepte, question d’âge, de la PlayStation, n’est pas une promotion d’un sport qui, de par ses excès multiples, a besoin de faire vivre d’autres émotions que le résultat glacial et les statistiques des encyclopédies.
Dans ce contexte, et sans la moindre certitude concernant les réussites futures, il m’aurait été juste très agréable, après dix ans de « style Deschamps », de voir Monsieur Zinédine Zidane, s’il le souhaite, bien sûr, s’asseoir sur le banc et guider autrement cette génération de footballeurs autour du déjà emblématique Kylian MBappé.
Espérons que cette demande, maintenant repoussée aux Calendes grecques, ne m’ôtera pas ma nationalité.
D’ici-là, les joutes européennes entre les « clubs-entreprises » ne vont pas réhabiliter « le beau jeu », concept qui n’a effectivement strictement aucun sens et que certains exploitent pour moquer notre souhait mais le simple désir premier d’attaquer en nombre et en intensité la cible adverse pour gagner, quitte à oublier ces fameux sinistres « blocs bien en places ».
Au football, comme au cinéma, espérons qu’il soit encore possible de préférer tel metteur en scène à tel autre sans être vilipendé par la vox populi !
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