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Pour lutter contre les virus présents et à venir, secouez-moi les corps des adolescents !


Lundi 5 octobre 2020, au cours d'une longue conférence de presse, dépourvue de la moindre annonce marquante, Monsieur Jean-Michel Blanquer, Ministre de l'Éducation nationale et Madame Roxana Maracineanu, désormais Ministre déléguée aux Sports, avaient bien évidemment une idée en tête : incarner la "fusion des ministères" pour "mieux faire valoir le lien entre le sport et l'éducation". Un lien qui, dans l'esprit des deux Ministres, doit permettre de mettre en cohérence "une vision complète du temps de l'enfant ", d'"ancrer et développer le sport à l'école" ou encore d'"installer très tôt un rituel sportif chez l'enfant !"

Une fois de plus, le terme générique récurrent de "Sport à l'École primaire" a le don de m'irriter et il mériterait de disparaitre définitivement au profit, par exemple, de "pratiques corporelles diverses et métissées", non par prétentieuse coquetterie intellectuelle, ce n'est pas le genre de la maison, mais juste pour éviter d'éternellement confondre la fin, la préoccupation des Corps, ma foi toujours louable et très urgente, et les moyens qui ne doivent surtout pas être exclusivement les sports à ces âges-là. En effet, il s'agirait, une bonne fois pour toute, d'intégrer les corps des enfants en mouvement dans l'ensemble des apprentissages scolaires de l'École primaire, et pas juste en complément, grâce à des professionnels du genre et, surtout, sur des temps scolaires aménagés dans leur globalité annuelle (court, moyen et long terme).

Malheureusement, aujourd'hui comme hier, nous entendons la même ritournelle, à savoir qu'à une journée identiquement banalisée va s'ajouter un peu de "sport fédéral", plus ou moins bien adapté, et effectué par des éducateurs sportifs extérieurs, aussi compétents et sympathiques puissent-ils être, pour juste remplacer des professeurs des Écoles, quasiment incompétents en la matière car très peu, voire surtout, pas formés du tout !


Au-delà de l'effroi d'estrade de la Ministre déléguée sur la sédentarité des adolescents, du rappel du programme "aisance aquatique", né en 2019, qui cible les 4-6 ans, de la mise en oeuvre du "savoir-rouler", qui s'adresse aux 6-11 ans, dont le déploiement complet devrait intervenir à l'horizon 2022, du principe, sans modalités clairement définies, de trente minutes d'activité physique quotidienne en plus des cours d'EP(S) dans trois académies volontaires pour une expérimentation, et du label Génération2024, où il s'agit essentiellement de faire vivre, ou de créer, un lien entre l'École et le secteur associatif sportif, strictement rien de bien nouveau et de bien original à se mettre sous le masque.

D'ailleurs, l'ensemble forme une nébuleuse assez éclectique autour d'un banal but commun : "saupoudrez-moi tout ce petit monde de sports un peu partout dès que c'est possible !"

En revanche, appréhender une motricité, non exclusivement sportive, conçue à la fois comme départ du développement intellectuel et, surtout, comme prélude aux apprentissages scolaires instrumentaux !...Quèsaco ?...Comme dirait mon ami humoriste le gendre parfait : "notre erreur, c’est le fait d’être probablement trop intelligents et trop subtils." Quant au secondaire ?...Quel silence assourdissant !!...Les apparatchiks du Ministère devant, sans doute, être en symposium pour ajouter quelques mots abscons dans les récurrents nouveaux programmes qui radoteront les mêmes litanies sur l'air du changement tout en faisant passer la corporation des "profs de gym" pour d'insupportables prétentieux du verbe au sein de la tribu. Après plus de 40 ans de services dans différents lieux d'observation de la réalité des pratiques corporelles scolaires (de la GS Maternelle aux estrades prétentieuses des préparations aux concours), je ne suis absolument pas surpris par l'effroi d'estrade de la Ministre déléguée, bien au contraire ! Déjà, à la fin des années 70, fraîchement diplômé de l'UER-EPS et, forcément bardé de naïves certitudes personnelles, j'étais abasourdi par la faiblesse des prestations des adolescents (tes) qui m'étaient confiés. Il faut aussi admettre, qu'en ces temps-là, le niveau de pratique physique personnelle avait encore un Sens, tant dans les cursus universitaires ad hoc que dans les concours de recrutement ! L'effet contraste jouait alors pleinement son (mauvais ?) rôle. Moins fraîchement sorti, quoique toujours en pleine forme... merci, il y a juste quelques semaines, de la salle des machines, le constat amiable frise le film d'horreur de la 6ème à la T°.

Certes, les responsabilités et les responsables sont très nombreux et il faudrait rédiger un cahier de doléances mais, sincèrement, à qui le remettre dans les postulants à la magistrature suprême de 2022 ??... Nous avons déjà tout essayé depuis la fin des années 70 en la matière, ...même "l'Union" des gauches PS-PC-Radicaux de gauche en 1981, "pour vous dire", ...et le résultat est sous nos yeux... Dramatique ! Le primaire continue donc d'essayer désespérément de chaparder des heures variables pour intégrer du "sport fédéral" plus moins bien adapté et plus ou moins bien animé, le tout entouré, bien sûr, des valeurs éducatives de l'olympisme, ...Paris2024 oblige.

Le secondaire gère la pénurie des heures (2H/semaine au Lycée !) et tente de s'imposer non pas par fierté des corps en mouvement mais par un désir d'isomorphisme intellectuel de plus en plus désopilant au quotidien.


Comme selon l'adage : "charité bien ordonnée commence par soi-même", je n'esquiverais surtout pas, dans ce désert de crédibilité de l'éducation physique du secondaire, la responsabilité d'une partie non négligeable des professeurs d'éducation physique et sportive qui, pour gagner des galons de reconnaissance très artificiels, ont oublié, qu'avec ou sans diplôme et honneurs universitaires, ils devaient, d'abord et avant tout, être efficaces dans le concret besogneux des gymnases poussiéreux, des cours de récréation mal bitumées, des pâtures boueuses et des piscines malodorantes, et non dans le verbiage didactique prétentieux de l'éducation physique virtuelle au service des gourous qui infiltraient et, infiltrent toujours malheureusement, les réseaux du ministère. En voulant se prendre pour la tête de gondole du "péda-gauchisme", saupoudré du discours sur les valeurs de la République et distillé, à tour de bras, dans les lieux de (dé?)formation des métiers de l'enseignement, ils ont échoué, se sont ridiculisés et ont surtout oublié que le cœur du métier c'est : l'insupportable odeur de la transpiration, la pluie, le vent, la boue, la chaleur, la fringale, la canicule, la déshydratation, la douleur, la chute, l'insulte, la joie simple de gagner, de se dépasser, de partager des émotions fugaces ....

Malheureusement l'idéologie de la bienveillance, de la victimisation, de la causalité externe, et le

stupide principe de précaution inscrit dans la Constitution, qui arpentent l'École, et qui permettent de prendre des points, entre autres, aux notations du système en marchant, même très lentement, ne pouvaient que rencontrer, à un moment de l'Histoire, ces enseignants gonflés de prétention de l'éducation physique des mots, du numérique et du virtuel !

Ce ne sont pas les gadgets électroniques vendus en "distanciel", quel horrible mot, pour se faire mousser par les Hiérarchies locales qui aideront toute une jeunesse à renforcer son système immunitaire par temps viral instable et compliqué.


Il y a urgence à repenser de fond en comble la place des Corps en mouvement dans l'ensemble du système éducatif français et, bien sûr, la formation des cadres pour la faire vivre : des États généraux mériteraient d'être organisés.

En ces temps favorables à l'Écologie planétaire, l'Écologie individuelle est en péril !

D'ici-là, ôtez les masques de l'hypocrisie et n'attendez pas de nouveaux textes pour avancer ; l'éducation physique et éventuellement sportive ne changera pas par décrets et programmes mais par un fort mouvement collectif de la corporation du terrain pour reprendre en mains les affaires courantes !



























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