Merci Albert, repose en paix maintenant !
En cette année 1968, c'est notre jeune "Roi des Belges", Eddy Merckx, bardé du fabuleux maillot arc en ciel de champion du monde qui va remporter un Paris-Roubaix d'anthologie, après avoir déjà montré, l'année précédente, ce qu'il savait faire sur les routes du Nord...et d'ailleurs aussi !
Le jeune garçon de 11 ans que je suis, assiste à son second Paris-Roubaix en tant que spectateur, après celui de 1967 qui a vu la victoire du brillant Néerlandais Jan Janssen.
C'est le début d'une passion sans limite qui dure depuis maintenant cinquante ans. Chaque mètre de cette course prend émotionnellement du sens comme aucune autre du calendrier pour le "chti-belge" que je suis. (voir n° 90 du blog)
A l'époque, je n'imaginais pas que cette course venait de survivre à une mort programmée ; voir Eddy Merckx battre Van Springel au sprint, via la RTBF, avant de se précipiter au vélodrome, distant de quelques petits kilomètres, pour les admirer au plus près, suffisait à mon bonheur.
Mais ce n'est que de nombreuses années après que, revisitant l'Histoire de la "Reine des classiques" et dévorant tous les ouvrages qui lui consacrent quelques lignes, j'ai compris le rôle incontournable de Monsieur Albert Bouvet. Missionné par Jacques Goddet (patron de L'Equipe, journal organisateur) pour retrouver des pavés, voués à l'extinction définitive sur l'autel de la modernité, Bouvet prit son bâton de pèlerin, en compagnie de cet ancien champion cycliste français, Jean Stablinski, tout jeune retraité des pelotons et qui habitait du côté de Valenciennes. Pour en trouver, ils en trouvèrent : plus de 100 Kilomètres exécrables, dont la célèbre tranchée d' Arenberg (la Drève des boules d'Hérin).
Merci, Monsieur Albert Bouvet ; vous nous quittez à l'âge de 87 ans mais grâce à vous, depuis 50 ans, ma jeunesse ne s'envole jamais définitivement quand le mois d'avril s'annonce. Cette course a une renommée internationale établie ; c'est la plus belle, la plus dure, la plus impitoyable des courses cyclistes et tous les champions professionnels, dignes de ce nom, ont soulevé ce pavé en vainqueur ou laissé définitivement une part d'eux-mêmes sur ces routes d'un autre âge, faute d'avoir pu et/ou su gagner.
Reposez en paix, Monsieur Bouvet, et je vous laisse sur cette anecdote tellement savoureuse :
" Avec Merckx, nous avons gagné toutes les Classiques, moi Paris-Tours, lui toutes les autres ! "